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Les enfants Hela et Avraham Horowitz avant le début de la deuxième guerre mondiale, Lodz, Pologne. Ont ils survécu à la shoah ? Malheureusement rien trouvé sur internet ( Yad Vashem )
28 jeudi Juil 2016
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Les enfants Hela et Avraham Horowitz avant le début de la deuxième guerre mondiale, Lodz, Pologne. Ont ils survécu à la shoah ? Malheureusement rien trouvé sur internet ( Yad Vashem )
10 mercredi Fév 2016
Remerciement à Marion Meranger Galtier pour la traduction du texte en anglais via le site Yad Vashem
Une brigade de police allemande maltraite et humilie le rabin Moshe Yitzchak Hagerman à Olkusz (Pologne) le jour du « Mercredi Sanglant ». Le livre des Mémoires d’Olkusz raconte de quelle façon une brigade de police allemande est arrivée à Olkusz le 31 Juillet 1940 et a réuni tous les hommes juifs sur la place principale. Là, les Juifs ont été forcés à s’allonger sur le sol pendant que les policiers allemands et des membres de la SD (Service des Renseignements de la SS) procédaient à leur « immatriculation ». Ce faisant, les Allemands les battirent brutalement et en tuèrent un en lui tirant dessus. Afin de les humilier davantage, ils forcèrent le rabin Moshe Yitzchak Hagerman à revêtier son tallith (châle de prière) et ses tefillin (phylactères) qui avaient été souillés, et à se tenir debout pieds nus pour prier, à côté des hommes de la communauté juive à plat ventre. A la fin de la journée on laissa les Juifs rentrer chez eux, et les Allemands repartirent. On a nommé ces événements le « Mercredi Sanglant » à cause de la violence des coups reçus par les Juifs. Les Juifs d’Olkusz furent déportés à Auschwitz en 1942, et la plupart y moururent. D’après une page de témoignage écrite en souvenir du rabin Moshe Yitzchak Hagerman par sa soeur, il fut assassiné en 1942 à Majdanek.
26 mardi Jan 2016
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Michel Ejzenberg né le 29 janvier 1936 à Paris (12e). Interné avec ses parents et ses soeurs dans le camp de Drancy avant d’être déporté à Auschwitz (Pologne) par le convoi n°23 où il est décédé le 29 août 1942.
20 mercredi Jan 2016
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Allemagne, Chère Esther, Chelm, Cumberland, Esther Raab, Pologne, Shoah, Sobibor
Remerciement à Florian Hohenberg pour la traduction du texte en anglais via le site Pressofatlanticity.com
Esther Raab, qui s’est échappée d’un camp d’extermination nazi en Pologne et a largement témoigné de la Shoah auprès des écoliers et du monde entier, est décédée lundi à l’âge de 92 ans.
Raab et son mari Irving se sont installés en 1950 à Vineland et y ont bâti un commerce de volaille casher florissant.
Mais le souvenir des atrocités dont elle fut témoin au camp d’extermination de Sobibor ne la quitta jamais.
“Je ne suis jamais partie. Avant de m’endormir, je le revis. Je ne peux l’oublier », disait Raab au journal The Press en 1998.
Raab disait qu’elle s’était faite une mission de perpétuer la mémoire de la Shoah, et elle répondait à toutes les lettres reçues des écoliers.
Elle devint le sujet d’une pièce de théâtre intitulée « Chère Esther », basée sur des lettres d’élèves qui l’avaient entendue.
« Si je peux toucher les enfants, nous pouvons empêcher que cela se reproduise », déclarait-elle à The Press.
Paul Winkler, directeur de la commission pour l’enseignement de la Shoah du New Jersey disait qu’en racontant son histoire, Raab inspirait les élèves du New Jersey et du monde, par son courage et son engagement.
« En racontant son histoire elle rappelait aux élèves les dangers des préjugés et du fanatisme », dit-il.
Raab naquit dans une famille juive de la classe moyenne le 11 juin 1922 à Chelm, en Pologne.
Elle fut emprisonnée à Sobibor au mois de décembre 1942, et ses récits sur cette période étaient terrifiants.
Une fois elle vit le sergent allemand Karl Frenzel saisir un bébé par les pieds et l’écraser contre un wagon de marchandises.
Le 14 octobre 1943, Raab fut l’une des 300 juifs qui s’échappèrent dans ce qu’on considère comme la plus réussie des révoltes qui eurent lieu dans les camps nazis.
“Je m’étais promise de ne jamais aller aux chambres à gaz, que je me mettrais à courir, à — ils leur faudrait gâcher une balle pour m’avoir. … Nous avons commencé à nous organiser et à en parler (de l’évasion). Cela nous maintenait en vie, » dit-elle dans un récit enregistré au muséum du mémorial sur l’holocauste.
Sou cousin Léon Feldhendler était un des chefs de l’évasion et exhortait le groupe : « Si quelqu’un s’en sort, qu’il fasse savoir au monde ce qui s’est passé ici. »
Raab, alors âgée de 21 ans, a grimpé sur une échelle pendant l’évasion.
Avec l’autorisation bienveillante de l’université communale de Cumberland
Ce cliché d’Esther Raab a été pris en 2012 lorsque sa famille a fait don de 25 000$ pour contribuer à l’installation de la collection Esther et Irving Raab sur la Shoah, à la bibliothèque de l’université communale de Cumberland.
Les gardes ouvrirent le feu et elle survécut à une blessure par balle à la tête. Plus de 100 autres furent capturés et exécutés, selon le musée.
Elle se cacha dans la ferme d’une famille amie pendant des mois.
Raab épousé son mari en Allemagne en 1946 et ils déménagèrent pour s’installer à Vineland.
Raab passa plusieurs années dans des aller-retours en Europe pour témoigner contre les nazis jugés en Allemagne, rapporte son fils Abe Raab en 2014.
Raab fut témoin dans de nombreux procès de crimes de guerre, dont celui qui permit de condamner l’opérateur de chambres à gaz Erich Bauer pour meurtres de masse.
Son témoignage contribua aussi à l’acquittement d’un officier qui avait agi avec bonté envers les prisonniers.
Gail Rosenthal, directeur du centre de ressources sur l’holocauste Sam Schoffer à l’Université de Stockton, désigna Raab comme l’exemple parfait de quelqu’un qui a résisté pendant la Shoah, et comprenait l’importance de partager son histoire, même dans la douleur.
“Sa vie fut un exemple de résilience,” nous dit Rosenthal. « Elle a commencé à parler de la Shoah avant la plupart des survivants. Elle s’obligeait à revivre cette horreur pour la partager. Elle laisse un héritage inestimable.”
La fondation familiale Raab a donné 25 000$ pour contribuer à l’installation de la collection Esther et Irving Raab sur la Shoah, à la bibliothèque de l’université communale de Cumberland.
Sue Perry, directrice de la fondation de l’université communale de Cumberland, nous dit que cette collection comprend des livres, des photos, des artefacts et des reliques.
“L’objectif est d’éveiller les consciences et de s’assurer que la Shoah n’est pas oubliée — tant de survivants nous quittent — et que les futures générations sachent que cette atrocité s’est produite afin que jamais elle ne se reproduise,” nous dit Perry.
“C’était une femme très forte,” ajoute-t-elle. “Elle n’était pas bien haute mais avait une très forte personnalité.”
Raab a été enterrée dimanche.
Notre contributrice Diane D’Amico a contribué à cet article.
Posté le : Mardi 14 avril 2015
Par BRIAN IANIERI, éditorialisteA
16 mercredi Déc 2015
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Un groupe de survivants du camp de la mort de Sobibor, qui prirent part à la révolte de Sobibor le 14 octobre 1943.
Le camp de la mort de Sobibor fut établi en mars 1942 dans le cadre de l’opération Aktion Reinhard et fermé fin 1943 à la suite d’une révolte des prisonniers. Environ 250000 Juifs furent tués à Sobibor. Sur les 300 prisonniers qui réussirent à s’enfuir de Sobibor pendant l’insurrection, environ 50 survécurent à la guerre.
Remerciement à Marion Meranger Galtier pour la traduction du texte en anglais via le site Yad Vashem
15 mardi Déc 2015
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Arié-Wilner, Blund, Czestochowa, Dror, Ghetto de Varsovie, Ghettos en révolte Pologne 1943, Gustawa Wilner, Hashomer Hatsair, Heniek Grabowski, Israël Chaim Wilner, Israel, Itzhak Zukerman, Jacob Wilner, Jerzy Borowski, Joseph Kaplan, Kibboutz, Larissa Cain, Mordechaï Anielewicz, Organisation juive de combat, Pologne, résistance juive, treblinka, Wilno
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« Nous ne voulons pas sauver notre vie. Personne ne sortira vivant d’ici. Nous voulons sauver la dignité humaine. »
Israël Chaim Wilner, nom de guerre « Arie» et «Jurek » (né le 8 mai 1916 à Varsovie et décédé en mai 1943, à Varsovie, Pologne). Il était un combattant de la résistance juive pendant la Seconde Guerre mondiale, membre de l’Organisation juive de combat (ZOB). Arié Wilner est l’un des personnages les plus attachants de la mouvance sioniste socialiste du ghetto combattant. En un quart de siècle, le temps de sa courte vie, il s’est dépensé sans compter pour les jeunes de son mouvement. Il approvisionnera en armes la résistance du ghetto.
Jeunesse
Arié qui ne s’appelait pas encore ainsi, est né le 14 Novembre 1914 à Varsovie,Troisième d’une famille de 5 enfants, il se prénommait en fait Israël. Ses deux sœurs aînées se nommaient Gustawa et Ewgenia. Un second fis, Simon, et une fille, Halina, naîtront plus tard. Le père, Jacob Wilner, était né dans une famille religieuse où la langue d’usage était le yiddish. Les familles juives traditionnelles envoyaient les garçons suivre un enseignement religieux au heder. L’activité de Jacob Wilner était double comme chez beaucoup d’artisans ; il possédait un atelier de maroquinerie et un magasin attenant, où il vendait ses produits avec l’aide de sa femme. Ils habitaient à Varsovie, au 26 de la rue Ogrodowa (rue des Jardins).
La scolarité du petit Israel : il ne va pas au heder, il fréquente d’abord une école primaire juive où l’enseignement est donné en polonais. Il y est noté comme bon élève avec un vrai don pour le dessin. Des difficultés surviennent pour son inscription au lycée à cause de l’antisémitisme. Ce sera un bon élève jusqu’en première, mais il souffrit des brimades tout au long de ses études. Elles influenceront son orientation.Il prend conscience qu’une autre vie est possible, ailleurs : il devient sioniste. Il entre au Hashomer Hatsair et y prend le nom d’Arié, le « lion », l »intrépide ». Il suscitera plus tard la même vocation chez sa jeune sœur Halina, qui le rejoindra. Arié ne veut pas en effet devenir et artisan et commerçant comme son père. Le mouvement sioniste lui propose une perspective immense : aller au-delà de la mer, dans un pas, où ses ancêtres ont vécu et cultivé la terre, pays devenu depuis un désert. Arié veut rendre fertile par le travail de ses mains.
La guerre
Après l’invasion nazie de la Pologne, les membres des mouvements jeunesse sionistes quittent Varsovie en direction de l’est. Avant de rejoindre Wilno (où le Hashomer Hatsair est solidement installé), Arié prend la direction opposée et se dirige d’abord vers Kalisz. Il suit la voie de son coeur pour chercher Ada, qu’il a rencontrée dans le camp d’entrainement de Slonim, puis repasse avec elle par Varsovie. Son père Jacob Wilner, dans son témoignage, se souvient de lui avoir procuré une paire de chaussures et offert 60 zlotys. Arié et Ada partent ensuite vers Wilno avec l’espoir de rejoindre rapidement la Palestine. Probablement à la fin de septembre 1939, Arié et Ada parviennent à Wilno, et se rendent au Kibboutz du Helaloutz.
Arié a des responsabilités dans le Kibboutz, il prépare des textes sur la guerre, suscite des débats et organise des représentations théâtrales et décore le local. Bien qu’il soit populaire et ses activités appréciées, il se trouve des voix pour le critiquer, l’accusant d’être hautain, dédaigneux envers les camarades moins doués. Arié et Ada attendent leur tour pour partir ensemble en Palestine, mais Aa partira seule en février 1941. Arié est trop engagé dans les activités du hashomer Hatsair et son départ est retardé. Ada a réussi à atteindre la terre promise.
Arié demeure donc à Wilno, travaillant comme peintre en bâtiment, puis décorateur de théâtre. Grace à l’argent gagné, il peut envoyer des paquets à ses parents qui, dès novembre 1940, avec toute la population juive de Varsovie, ont été enfermés dans le ghetto de Varsovie.
Le retour à Varsovie
Lorsque survint en juin 1941 l’opération Barbarossa, l’invasion de l’URSS par les armées d’Hitler, Wilno change de mains et les allemands commencent immédiatement les persécutions et les rafles de juifs. Quand Arié est-il revenu à Varsovie ? Nous ne le savons pas exactement. Mais en octobre 1941 dans le journal du Hashommer Hatsair un article intitulé « Jours sanglants à Wilno », récit d’un camarade revenu de cette région le 16 octobre. C’est probablement le témoignage d’Arié qui parut dans Neged Hazerem.
On peut imaginer les difficultés qu’affronte Arié sur le trajet Wilno-Varsovie dans un territoire quadrillé par la Wehrmacht, la Gestapo, les polices allemande et polonaise. Il a des atouts : il est grand, blond aux yeux bleus. Il ne peut pas donner prise aux dénonciateurs des juifs. Il a reçu de faux papiers, une carte d’identité, la kenkarte au nom de Jerzy Borowski. Mais dans la clandestinité, son nom restera Jurek. celui que la mère supérieur du couvent de Wilno a choisi pour lui.
Lorsqu’il parvient enfin à rejoindre le ghetto de Varsovie, Arié ne parvient pas à persuader ses camarades que les massacres de Wilno font partie d’un plan général d’extermination des juifs et que le tour de Varsovie. Il est convaincu que la seule réponse à la politique nazie est la résistance, pour mourir les armes à la main. Mais à l’automne 1941, la plupart des dirigeants du Hashomer Hatsair croient encore que les allemands n’oseront pas à se comporter à Varsovie comme ils l’ont fait à Wilno. La volonté d’organiser une résistance armée prend néanmoins forme en mars 1942 dans le ghetto.
Czestochowa
Czestochowa fait parie du gouvernement Général, mais sa situation à la frontière de la Silésie annexée au Reich en fait un lieu de passage entre les deux régions. Elle est située à environ 200 kilomètres au sud-ouest de Varsovie. Le Kibboutz est en mauvais état et Arié est chargé d’y remédier. Lorsqu’il arrive en mai à Czestochowa, il prend tout de suite conscience de la situation. Le local est mal entretenu , sale, les jeunes sont abattus, sans énergie, se négligent. Il écrira : « Les jeunes filles n’ont pas une allure de filles ». En trois semaines, Arié parvient à rendre le kibboutz accueillant, les activités pédagogiques peuvent débuter. « Les transformations matérielles sont finies et peut-être les changements ne sont pas seulement dans l’apparence. On peut commencer le travail culturel », écrit-il à la mère supérieur de Wilno. Il confie qu’il est sans espoir pour l’avenir : « On travaille comme si les temps n’étaient pas ce qu’ils sont, comme si nous n’allions pas fatalement à l’anéantissement… dans cette situation, nous n’avons du mal à garder la tète claire, quant à moi, j’essaie dans la mesure du possible de sauvegarder mon équilibre… Peut-être je le supporte mieux car je l’ai déjà vécu. »
Après Czestochowa, le mouvement l’envoie dans la poche de Zarki, accompagné de Mordechai Anielewicz et Joseph Kaplan. Ils informent les camarades des massacres de Wilno, du gazage à Chelmno et de la nuit sanglante d’avril dans le ghetto de Varsovie. Il n’est plus temps de s’entraîner à la culture du sol en vue d’un départ en Palestine, il faut à présent prendre les armes. Fin juin 1942, Arié revient dans le kibboutz de Czestochowa, puis il est rappelé à Varsovie. D’éducateur, Arié est devenu agent de liaison.
Ces voyages l’exposent au danger d’être reconnu, dénoncé comme juif. Partout des yeux s’attachent à vous, vous scrutent sans vergogne, vous évaluent, guette votre prononciation, une attitude craintive, un coup d’œil inquiet. Mais le pire suit lorsqu’on parvient à monter dans train car, dans le wagon, le sujet favori porte sur les juifs: « ils n’ont que ce qu’ils méritent, il est grand temps de les punir, il faut les rattraper avant qu’ils ne parviennent à s’enfuir avec leur argent ; heureusement ils ne peuvent emporter tout leur or, qu’on pourra enfin récupérer. » Parmi eux est assis le messager des ghettos ; lui qui a perdu tant d’êtres chers est blessé par cette joie vile, cette bassesse, mais pas un muscle ne doit bouger sur son visage, il faut garder une attitude d’indifférence, avec au cœur la rage et le désespoir.
La déportation de 300 000 juifs du ghetto de Varsovie à Treblinka débute le 22 juillet 1942, Arié est revenu de Czestochowa, est à Varsovie. Dès le deuxième jour de la déportation, les 16 membres représentatifs de tous les mouvements politiques se réunissent pour décider de l’attitude à adopter. Le Hashomer Hatsair, le Dror et le Blund avancent l’idée que la résistance armée est la seule réponse possible à la déportation mais la majorité rejette avec véhémence cette proposition.
« L’Organisation Juive de Combat fut créée sans le soutien des partis politiques, et même en opposition à ces partis » a pu écrire Itzhak Zukerman, le dirigeant du Dror.
Mais pour combattre il faut des armes, dans le ghetto il n’y en a pas. La décision est donc prise d’envoyer du coté aryen des émissaires pour prendre contact avec la résistance polonaise pour en obtenir et les transférer dans le ghetto. L’acquisition des armes demeurera le problème majeur des combattants du ghetto de Varsovie comme de celui de tous les ghettos.
Arié-Jurek, logea chez Heniek Grabowski, cet ancien scout polonais qui a fait le voyage à Wilno en septembre 1941. Les Allemands ont publié un avis punissant de mort tous ceux qui aideraient les juifs. Heniek ne vit pas seul, sa femme, sa petite fille et sa mère partagent avec lui tous les risques de ceux qui hébergent un juif. Arié-Jurek stockera même des armes chez son ami. Lorsqu’il découvre qu’il est surveillé, il quitte la maison de Grabowski et erre, passant une nuit chez l’un, trouvant un abri chez l’autre. De ce coté du mur, Arié-Jurek a la joie de retrouver ses parents et sa sœur Gustawa qui ont pu échapper à la déportation et sortir du ghetto. Gustawa m’a rapporté comment Arié arrivait chez elle à bout de nerfs, pale et affamé. Quelquefois, à midi, il partageait avec un maigre repas. Quand elle lui conseillait de se ménager, Jurek répondait : « Il ne faut pas gaspiller un instant, il y a tellement à faire », et il repartait. Jurek partagé son temps entre la recherche des armes du coté aryen et ses retours dans ghetto pour y retrouver le soutien de ses camarades.
Fin décembre 1942, Gustawa trouve une soupente indépendante, rue Marsalkowska, une importante avenue du coté polonais. Elle relate : « Un matin, Jurek est arrivé vers 8 heures. Aussitôt après, deux jeunes gens, ont frappé à la porte, ensuite séparément 3 autres se sont joints à cette séance de travail, chacun tenant à la main une serviette bien remplie. Leurs contenus se composaient de bombes à mécanisme d’horlogerie, de balles, de grenades, de mines et de produits chimiques. Bientôt tout ces hommes repartirent, à l’exception d’un seul qui semblait enseigner à Jurek le maniement de certains explosifs. »
Jurek dans la révolte du ghetto de Varsovie
Début 1943, Himmler lui-même se rend à Varsovie et donne l’ordre de raser le ghetto après en avoir déporté tous les habitants. La communauté juive ne sait pas qu’elle vie ses derniers moments. Le 16 janvier, les Allemands organisent des rafles parmi les Polonais du coté aryen. Les émissaires du Hashomer Hatsair retournent dans le ghetto pour s’y abriter.
Le 18 janvier 1943, l’Organisation juive de combats’opposent par la force à une nouvelle vague de déportation. Un bataillon composé de de membres du Dror et de Gordonia, sous le commandement d’Eliezer Gellet, se bat au 58 de la rue Zamenhof dans le ghetto central. Arié-Jurek est parmi eux. Après quatre jours de combats de rue, le ghetto est paralysé et les déportations suspendues.
A la fin de ce mois de janvier 1943, l’Armia Krajowa accepte de céder 50 revolvers et 50 grenades. Arié-jurek tente d’obtenir d’autres armes et demande une intervention de la part de la résistance polonaise contre les allemands lorsque à nouveau des combats se dérouleront dans le ghetto.
L’arrestation de Arié-Jurek le 6 mars 1943
Le 6 mars 1943, Arié-Jurek est arrêté par la Gestapo dans la chambre qu’il loue au 56 de la rue Wspoina, probablement sur dénonciation d’un revendeur d’armes. Il est possession de papiers compromettants. Croyant avoir intercepté un membre de la résistance polonaise, la Gestapo l’enferme dans son quartier général, allée Szucha. Soumis à interrogatoire et tortures, il ne parle pas. L’Armée de l’intérieur, par peur des révélations qu’il pourrait faire, rompt tout contact avec l’Organisation Juive de Combat, contact qu’il sera difficile de rétablir plus tard. Lorsque les bourreaux écrasent ses jambes, le seul aveu qui échappe à Arié est qu’il est juif. La Gestapo cesse alors de s’intéresser à lui et l’enferme dans la prison de Paviak. Par l’intermédiaire d’un garde du camp, il fait parvenir un message à heniek Grabowski, son ami scout. Celui-ci, réussit à le faire évader et l’héberge chez lui. Après avoir soigner les blessures de son ami, Heniek lui propose alors de partir pour se rétablir à la campagne. Arié ne serait pas Arié s’il acceptait de se mettre à l’abri tout seul ; il veut retrouver ses camarades dans le ghetto et partager leur sort.
Début avril 1943, lorsque Arié-Jurek est de retour dans le ghetto et que l’organisation reçoit l’assurance qu’il n’a dénoncé personne, Irena Adamowicz informe l’Organisation Juive de Combats que l’Armia Krajowa est prêt à reprendre les contacts Trop tard, ce sera 3 jours avant le début du soulèvement (19 Avril 1943). Dans le bunker de la rue Franciszkanka, Arié ne peut, vu l’état de ses jambes, participer à la première journée du soulèvement.
Le ghetto brûle, le ciel est rouge. C’est le printemps, il fait beau. De l’autre coté du mur tournent les manègent, certains Polonais viennent comme au spectacle, se réjouissant, ce ne sont que les juifs qui brûlent, bon débarras pour la Pologne !
La fin ! Le 8 mai à l’aube, les Allemands découvrent et attaquent le bunker de la rue Mila. N’osant y pénétrer, ils tentent d’asphyxier les habitants par le gaz. Tuwia Borzykowski témoigne que dans le bunker, Arié conseille aux combattants le suicide plutôt que de tomber entre les mains nazies. Il ne sait que trop quelles tortures ils peuvent infliger. Les insurgés retournent leurs armes contre eux-mêmes ou avalent des doses de cyanure. Ainsi périssent les combattants d’une lutte impossible. Lorsque celle-ci le pressait de se sauver avec sa famille, Arié-Jurek avait annoncé à sa sœur Gustawa : « Ma place est là-bas pour combattre avec eux et avec eux mourir. »
Il choisit de se donner la mort, il avait vingt-six ans.
Source Ghettos en révolte Pologne 1943 de Larissa Cain
09 mercredi Déc 2015
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Betar, Ghetto de Varsovie, Israel, Juna Hartman, Le Soulèvement du Ghetto de Varsovie : l’histoire jamais racontée, Mordechaï Anielewicz, Pawel Frenkel, Pologne, Yuval Haimovich-Zuser
Remerciement à Clément Labi pour la traduction du texte en anglais via le site Jewish Press
Auteur : Professeur Livia Bitton-Jackson
« Toute sa vie, elle a voulu dire la vérité sur le soulèvement du Ghetto de Varsovie », selon l’un des petits-enfants de Juta Hartman. Avant de mourir, le 27 mai 2015, Mme Hartman a réalisé son souhait dans le film documentaire de Yuval Haimovich-Zuser « Le Soulèvement du Ghetto de Varsovie : l’histoire jamais racontée ». En quoi consiste cette histoire ?
Elle commence, hélas, par une tendance tragique que l’on retrouve dans toute l’histoire juive: le manqué d’unité de notre peuple. Dans le ghetto, il y avait deux groupes sionistes, séparés par leurs différences idéologiques : le Betar, politiquement à droite et dirigé par Pawel Frenkel, et les Socialistes, politiquement à gauche, dirigés par Mordechai Anielewicz.
Juta Hartman est née dans la ville de Kielce (Pologne), au sein d’une famille juive typique. Après l’invasion allemande et l’institution du Ghetto de Kielce, Juta, alors une jolie jeune femme, se porta volontaire pour escalader les murs et faire entrer clandestinement de la nourriture et d’autres produits de première nécessité dans le ghetto. Elle se fit un jour intercepter mais parvint à s’échapper. Puisqu’elle ne put revenir au Ghetto de Kielce, elle poursuivit son évasion jusqu’à atteindre le Ghetto de Varsovie.
Elle y rejoint les rangs de l’Organisation Militaire Juive, le premier groupe de resistance dans les ghetto formé par les disciples de Jaobotinsky et aussi le premier groupe à faire entret des armes dans le ghetto et dirigée par Paweł Frenkel, qui n’avait que 23 ans. Juta servait d’opératrice radio et était responsable de l’opération de contrebande : elle quittait le ghetto par les égouts et revenait avec des armes cachées dans des seaux à double fond, sous des tas de poissons en décomposition. Un vaste arsenal permit à ces jeunes juifs de se soulever contre les Allemands et de poursuivre le combat avec détermination tout au long du soulèvement. Place Muranowski, les combattants érigèrent deux drapeaux : celui qui représentait la fierté des sionistes, bleu et blanc avec une étoile de David en son centre, et le drapeau polonais. Juta, placée sur les toits, vit le drapeau sionistes flotter au-dessus du ghetto, ce qui emplit son cœur de joie ; ce souvenir lui resta jusqu’à son dernier jour. Pendant quatre jours, les efforts déterminés des allemands pour s’emparer et enlever les drapeaux échouèrent.
Peu après, l’Organisation juive de combat, dirigée par Mordechai Anielewicz, commença elle aussi à résister. A la création de l’Etat d’Israël en 1948, et à l’accession au pouvoir du gouvernement Mapaï, l’histoire officielle ne mentionnait que ce deuxième soulèvement et l’histoire de l’Organisation Militaire Juive fut supprimée. Les livres scolaires et les ouvrages historiques n’y faisaient pas allusion.
Après la guerre, Juta se maria et eut deux fils, six petits-fils et cinq petites-filles. Ces petits-fils avaient à cœur de rendre publique la frustration de leur grand-mère quant à l’injustice et à l’inexactitude du discours officiel sur le soulèvement du Ghetto de Varsovie. Ces dernières années, la publication de livres tels « Le Massada de Varsovie » de Chaïm Lazar, et « Des drapeaux au-dessus du Ghetto de Varsovie » de l’ancien ministre des affaires étrangères Moshe Arens, ont quelque peu rectifié le tir.
Finalement, le film de Yuval Haimovich-Zuser « Le Soulèvement du Ghetto de Varsovie : l’histoire jamais racontée » a permis à Juta de raconter son histoire : « Je lui ai rendu visite à l’hôpital om elle a été admise de façon inattendue, et elle souriait toujours. Maintenant qu’elle est partie, il n’y a plus de combattant pour raconter ces histoires. Je n’avais jamais rencontré une telle héroïne israélienne. Après notre premier entretien, son charme me captivait » se souvient M. Haimovich-Zuser.
« C’était une personne d’une grande force morale; seules des personnes comme ça peuvent combattre et survivre, fonder une famille et tout recommencer avec un sourire et de l’optimisme. Nous nous souviendrons d’elle comme d’une combattante pleine d’amour pour les gens, pour Israël et pour la générosité » déclarèrent ses petits-enfants le jour ou Juta Hartman quitta ce monde à l’âge de 92 ans.
30 lundi Nov 2015
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Anna Wachalska, Barbara Blum, Bund, ghetto, Hanna Peltel, Partisans Juifs, Pologne, Résistance, treblinka, Varsovie, Wyszkow
Remerciement à Marion Meranger Galtier pour la traduction du texte en anglais via le site Ushmm.org
Vladka Meed (née Feigele Peltel) est la fille de Shlomo et Hanna Peltel. Elle est née en 1921 à Varsorie, où son père travaillait dans une tannerie et sa mère tenait une petite mercerie. Feigele était l’aînée de trois. Elle avait une sœur, Henia, et un frère, Chaim. Elle fit ses études dans des écoles laïques yiddish qui étaient financées par le Bund, l’union générale des travailleurs juifs socialistes, et elle s’impliqua dès le plus jeune âge dans les organisations de jeunes du parti : d’abord le groupe Skif pour les enfants, puis plus tard le mouvement de jeunesse Zukunft.
Pendant la première année de l’occupation allemande c’était principalement Feigele qui faisait vivre la famille. Tirant partie de son physique typiquement polonais, c’est elle qui faisait la queue pour obtenir leurs rations de nourriture à la place de son père pour qu’on ne lui refuse pas la nourriture qui leur était nécessaire pour survivre, et elle vendait les marchandises de sa mère dans les rues des quartiers les plus affluents de Varsovie pour fournir un revenu à sa famille. A l’automne 1940 la famille Peltel fut oblige de se reloger dans un studio plein de courant d’air du ghetto de Varsovie, qui venait d’être établi.
L’année suivante, le père de Feigele succomba à la pneumonie. Le reste de la famille vécu tant bien que mal pendant encore une autre année avant les déportations de masses de l’été 1942. A cette époque Feigele travaillait dans les usines Toebbens dans le ghetto et vivait dans le dortoir attenant. Après le travail elle consacrait toute son énergie à organiser des groupes d’enfants pour le Bund clandestin. Au début de l’été 1942 la mère et le frère de Feigele furent raflés et déportés à Treblinka, et sa sœur fut capturée quelques semaines plus tard.
A ce moment-là, Feigele savait qu’être déporté signifiait mourir dans un camp de concentration, et elle compris qu’elle avait perdu toute sa famille. Elle décida donc de se consacrer entièrement à la résistance. A l’automne 1942 elle rejoignit le tout nouveau Comité de Coordination Juive (Komitet Koordynacyjny), un groupe de gens du Bund et de Sionistes conduits par Abrasha Blum, Menachem Kirschenbaum et Yitzhak Zuckerman. Fondé à l’origine pour coordonner les efforts de résistance avec la clandestinité polonaise « du côté Aryen » de Varsovie, il se consacra bientôt essentiellement à fournir ce dont elle avait besoin à la nouvelle organisation combattante juive (la Z. O. B.) à l’intérieur du ghetto.
A cause de son physique de Polonaise, Feigele put être exfiltrée du ghetto en Décembre 1942 pour travailler comme messagère pour le Comité de Coordination du « côté Aryen ». Ses missions furent de se procurer des armes pour la Z. O. B., de trouver des cachettes pour des femmes et des enfants juifs, et de fournir de l’argent, de la nourriture, des vêtements, des papiers, des soins médicaux et des cachettes de secours à des Juifs déjà cachés.
A plusieurs reprises pendant les mois qui précédèrent le soulèvement du ghetto, Feigele passa le mur pour introduire clandestinement des pamphlets et de la correspondance, et pour rapporter des instructions pour ceux qui travaillaient pour le « côté Aryen ». Pendant le soulèvement et sa répression, qu’elle suivit de l’extérieur, Feigele travailla inlassablement à trouver des hébergements pour les combattants du ghetto qui avaient survécu. Peu de temps après elle fut arrêtée dans sa chambre avec Barbara Blum, et emprisonnée au poste de police local. Elle fut sauvée grâce à un dessous de table bien placé offert par sa mère adoptive polonaise, Anna Wachalska, mais cette aide arriva trop tard pour Barbara Blum, qui avait déjà été livrée à la Gestapo.
Après sa libération suivie d’une période passée se faire discrète à la campagne, Feigele repris ses activités de messagère pour la clandestinité. Dans le cadre de ses nombreuses missions elle établit le contact avec des partisans juifs dans la forêt de Wyszkow, avec des prisonniers dans les camps de travail en usine en Tchécoslovaquie et à Radom, et avec un groupe isolé d’insurgés juifs du ghetto de Tchécoslovaquie cachés à Koniecpol.
Feigele apportait à chacun de ces groupes les fonds dont ils avaient désespérément besoin, des nouvelles de la guerre et de la résistance, et un lien avec d’autres Juifs survivants. Peu après s’être installée du “côté Aryen”, Feigele fit la connaissance de Benjamin Miedzyrzecki, un autre Juif de Varsovie, qui avait facilité son évasion hors du ghetto avant de le quitter lui-même peu de temps après.
Leur amitié pris bientôt la forme d’un attachement romantique qu’elle dut garder secret vis-à-vis de ses collègues de la résistance juive, de peur qu’il ne compromette sa crédibilité à leurs yeux. C’est ensemble que Feigele et Benjamin prirent part au soulèvement de Varsovie en août 1944 et furent évacués avec le reste de la population polonaise après son anéantissement par les Allemands deux mois plus tard. Tous les deux survécurent et se marièrent peu après la libération.
Elle est décédé le 21 Novembre 2012
[Source: Meed, Vladka. « On Both Sides of the Wall, » Holocaust Library, New York, NY, 1979]
11 mercredi Nov 2015
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Brigade Bielski, Etats Unis, Leon Bakst, Naliboki, Partisans Juifs, Pologne
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Remerciement à Elizabeth Anne Muller pour la traduction du texte en anglais fourni par Jewish Partisans
Leon Bakst était l’un des quatre enfants d’un grossiste juif habitant Ivie, petite ville polonaise située à quelques 120 kilomètres à l’ouest de Minsk. Il avait 15 ans en 1941 lorsque les Allemands occupèrent la ville au cours de l’été, obligeant les habitants juifs à rejoindre le ghetto. Interrogé au sujet de son métier, le père de Leon mentit, se disant fabriquant de brosses, car il estimait que l’occupant aurait besoin d’artisans plutôt que de commerçants. Sa ruse lui réussit : lors du premier massacre des Juifs, il fut épargné.
Quelques mois plus tard, Leon et son frère ainé ainsi que 200 autres jeunes, furent déportés au camp de travail de Lida. C’est à cette séparation brutale d’avec sa famille que Leon doit d’être resté en vie, car – comme il l’apprit plus tard – les Allemands détruisirent le ghetto peu de temps après son départ. Il ne revit jamais ses parents.
Le camp de travail se trouvait dans une gare de triage; les prisonniers dormaient dans les wagons de marchandises. La ration alimentaire était maigre, l’avenir incertain. Une vingtaine de jeunes se décidèrent à s’évader, risquant le tout pour le tout pour rejoindre les groupes de partisans dans les forêts environnantes. Les prisonniers avaient un avantage important : la gare de triage servait aux Allemands pour entreposer les armes et les munitions prises aux Russes qui battaient en retraite. En dérobant petit à petit des fusils qu’ils cachaient en les enterrant, les prisonniers arrivaient à s’armer.
Comme les deux frères connaissaient bien les environs, le voyage de nuit fut facilité. Grâce aux fusils volés aux Allemands, le groupe trouva à manger. Lorsque enfin ils arrivèrent à la forêt de Naliboki, ils rencontrèrent la Brigade Bielski, composée à l’époque de quelques 200 partisans. Les nouveaux arrivés avec leurs fusils furent rapidement acceptés.
photo 2011
Leon accomplit des tâches variées, allant du tour de garde aux missions de ravitaillement, en passant par le sabotage du chemin de fer. Il frôla la mort plus d’une fois. Un jour les Allemands, ayant encerclé la forêt, tentèrent de débusquer les partisans en les soumettant à un bombardement nourri. Entre les balles sifflantes et les bombes larguées par les avions allemands, le groupe s’évada par un marécage. Leon se rappelle : « J’entendais – ‘tsch, tsch’ – les balles qui tombaient à l’eau, à côté de moi… et, figurez-vous, je n’avais absolument pas peur. J’étais simplement comme toujours – normal, quoi – et je continuais mon chemin… »
À la fin de la guerre, Leon réussit à quitter la Pologne avec son frère et Libby – membre d’une autre division partisane, qui deviendrait son épouse. Ils finirent par gagner un camp de déplacés à Munich. C’est dans ce camp que Leon retrouva Allen Small, un ami d’enfance d’Ivie qui avait combattu dans une division partisane soviétique. Soixante-cinq ans devaient passer avant qu’ils ne se retrouvent. (Leur histoire est racontée dans le documentaire de JPEF intitulé “The Reunion”.)
Pendant les quatre ans qu’ils ont passés dans le camp de déplacés, Leon et Libby se marièrent et eurent leur premier enfant. Ils immigrèrent au États Unis en 1949. Leon habite actuellement à Dallas, Texas. Il a deux filles.
05 jeudi Nov 2015
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Juifs, Lituanie, Luboml, Mitch Braff, Pologne, Sonia Orbuch, US Holocaust Memorial Museum
Remerciement à Vili Svikarinn pour la traduction du texte en anglais fourni par Sfgate
En 1942, alors qu’elle n’est qu’une adolescente, Sonia Orbuch et ses parents fuient le Ghetto juif de Luboml en Pologne. Une fois à l’écart de la ville, c’est au fin fond d’une forêt qu’ils se joignent finalement à un groupe de combattants russes de la résistance.
Orbuch s’occupe des malades et des blessés qui prennent régulièrement part à des missions de sabotage contre les nazis.
Elle a toujours deux grenades sur elle : une pour les ennemis et une pour elle-même. Jamais on ne l’aura vivante.
La même année, Murray Gordon, âgé de 15 ans, se faufile par le trou d’une barrière d’un Ghetto de Lituanie et rejoint les dissidents.
Il porte encore les cicatrices laissées par cinq balles reçues lors d’une mission durant laquelle il devait faire sauter un convoi de munitions nazi. Six de ses compagnons meurent lors d’un échange de coups de feu mais Murray parvient à s’échapper en rampant, une balle logée à quatre centimètres de son coeur.
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En grandissant, Mitch Braff a entendu parler de Gordon, un ami de la famille de Piedmont, mais il ne sait pas grand-chose de son passé. Quelle surprise pour lui lorsque, récemment, il apprend que cet homme aimable, bavard à l’accent prononcé a en fait été un partisan Juif ! L’un des 3000 juifs à avoir pris les armes contre les allemands durant la deuxième guerre mondiale, saboté les ravitaillements et lignes électriques, détruit fermes et usines, trains et ponts !
« Son histoire m’a stupéfait » avoue Braff, qui malgré une éducation juive et 12 années d’école religieuse n’a jamais entendu parler des partisans tels que Gordon et Orbuch. Comment a-t-il pu passer à coté d’une telle histoire alors qu’on raconte de temps à autres que les juifs n’ont pas réussi à lutter ?
« C’est une pièce manquante de l’histoire, de l’holocauste » dit Braff, « J’ai voulu en savoir plus. »
L’été 2000, Braff, réalisateur à San Francisco ayant travaillé sur des documentaires et les nouveaux médias, se lance dans un projet consistant à créer une organisation à but non lucratif : la Jewish Partisan Educational Foundation, il rassemble de l’argent pour ce projet multimédia qui comprendra des archives vidéo d’interviews de partisans, un site web, du matériel éducatif et un court-métrage.
Braff se pose des questions sur l’invisibilité, l’inexistence d’une histoire des partisans : cette forme de résistance a-t-elle été ignorée, et si oui, pourquoi ?
Bien que tous les spécialistes de l’holocauste ne soient pas d’accord avec Braff, beaucoup admettent que même si l’intérêt des américains pour l’holocauste a augmenté durant les dix dernières années, le public en sait très peu sur les activités des partisans, mais le projet de Braff, associé à d’autres, va changer tout cela.
D’après Severin Hochberg, historienne au US Holocaust Memorial Museum, on ignore le nombre exact de partisans juifs, en partie parce que les juifs combattaient souvent aux cotés et au nom de la résistance dans les pays occupés. Cependant, des milliers d’entre eux ont passé la guerre à organiser des opérations contre les allemands depuis des camps cachés dans les forêts de l’est de l’Europe et de l’URSS, mais aussi en France, en Italie et en Grèce. En plus de ces opérations, ils aidaient des centaines de juifs à s’échapper des ghettos.
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Les allemands ont commencé à « liquider » le Ghetto lorsqu’Orbuch, ses parents, sa tante et ses deux cousins fuient, cachés dans la pénombre. Sonia et ses parents (rapidement séparés de sa tante et de ses cousins, qui ne survivront pas à la guerre) se cachent dans la forêt dans une grange délabrée durant l’hiver. Au printemps suivant, ils rejoignent un camp de résistants russes.
Au début, Orbuch aide le médecin du camp, mais après quelques temps, elle est envoyée en missions. Durant l’une de ces missions, elle passe dix jours au front, soignant les blessés, mangeant à peine, ne dormant presque pas. Lorsqu’elle revient au camp, terrifiée, hantée par les visions de mort et affamée, ses parents ne la reconnaissent plus.
« Je n’avais pas peur », dit Orbuch, « je me battais pour une cause. Chacun d’entre nous était fier de se battre et de venger nos familles perdues. »
Les deux frères d’Orbuch meurent pendant la guerre. Son oncle, qui perdra la volonté de vivre après la mort de sa femme et de ses enfants, exécutés par les nazis, mourra en se battant pour les partisans. La mère d’Orbuch mourra du typhus, ce qui aura pour effet de dévaster la jeune fille alors que la guerre prendra fin peu après, à tel point qu’elle lavera les affaires de la défunte en espérant mourir de la même manière.
Mais elle et son père survivent. Elle épouse Isaak Orbuch dans un camp accueillant les personnes déplacées en Allemagne. Elle part pour les Etats-Unis en 1949. En 1989, elle emménage à Corte madera pour être près de ses deux enfants, trois ans après la mort de son mari.
Chaque fois qu’elle conduit aujourd’hui, la femme aux cheveux dorés et touffus et qui porte des lunettes à une chaine autour de son cou, se souvient d’un de ses amis qui lui avait dit, lors de la traversée d’un marais pendant l’hiver (durant la guerre), qu’un jours ils pourraient rouler sur de belles routes, en voiture.
« Alors que je vivais dans cette forêt, je n’aurais jamais imaginé que tout cela serait possible, pas même dans mes rêves les plus fous. » dit-elle.
En avril, elle aimerait assister à la bar mitzvah de sa petite-fille.
« Ce qui a compté est la volonté de survivre pour raconter l’histoire, et de rendre aux allemands la monnaie de leur pièce » dit Gordon, 75 ans, dont le frère est mort à Auschwitz et dont la mère est morte deux jours avant la libération.
Gordon a failli être tué au cours d’une mission en 1944. Malgré cela, lui et ses camarades russes et juifs ont réussi à détruire un train nazi après avoir été attaqués par des allemands qui sautent du dernier wagon. Alors âgé de 17 ans, Gordon git couvert de sang au milieu de ses camarades tombés au combat tandis qu’un allemand passe d’un corps à un autre, poignardant les résistants pour s’assurer de leur mort. Lorsqu’il s’approche de Gordon, celui-ci l’abat d’un coup de revolver. Il rampe jusqu’à son camp puis se glisse dans le ghetto pour obtenir des soins.
Il est alors arrêté et envoyé en Allemagne puis à Dachau. Il ne sera libéré qu’onze mois plus tard.
Il a finalement pris l’avion pour Oakland, où il a d’abord étudié l’électronique avant de lancer sa propre compagnie, Murray Gordon Equities. Il avoue n’avoir ni parlé de la guerre ni pensé à la guerre les quarante années qui ont suivi 1945, mis à part dans ses cauchemars. Il y a dix ans, frappé de dépression, une de ses filles lui propose une thérapie et Gordon commence à raconter son histoire, d’abord à un psychologue puis à sa famille et à ses amis. La dépression a aujourd’hui disparu, les cauchemars ont cessé.
Hochberg, du Holocaust Museum, n’est pas d’accord avec les affirmations de Braff selon lesquelles l’histoire des partisans est négligée, en effet il explique qu’il existe plus de 9000 livres sur le sujet, qui plus est Israël ne manque pas d’honorer la mémoire des combattants juifs de l’époque, allant même parfois jusqu’à exagérer, selon David Biale, maître de conférence en histoire à l’université de Californie de Davis.
« En Israël, il y a une volonté de lier la résistance aux actes héroiques de l’armée israélienne. Pendant des décennies après la guerre, les Israéliens ont préféré ne pas être trop associés à des gens perçus comme des victimes, allant à l’abattoir comme des moutons. » dit-il.
Les historiens d’Amérique et d’ailleurs contestent globalement la version selon laquelle les juifs n’ont pas pu se battre, en effet outre les mouvements de résistance armée, de nombreuses opérations plus discrètes furent menées. Rabbi Abraham Cooper affirme à Los Angeles (au Wiesenthal Center pour les droits de l’homme) que « rester en vie et ne pas perdre sa fierté dans les camps de la mort, c’est une forme de résistance. »
Hélas beaucoup d’américains ignorent toujours tout de la résistance juive, des dissidents, ce qui frustre toujours nombre de Partisans, déclare Seth Kramer, directeur du documentaire « Resistance : untold stories of Jewish Partisans ». « A table, nous étions dans la forêt », disent les enfants des partisans à Kramer. Mais en dehors du cadre familial, les gens ne sont pas prêts à écouter.
Après la guerre, Sonia Orbuch parle peu des partisans à ses amis. « Elle pensait que le monde n’avait pas besoin d’entendre une telle histoire plus que celles sur les camps de la mort, que ce n’était pas à son histoire de prendre la place de celle des autres, de ceux qui avaient vécu bien pire. » dit son fils, Paul Orbuch. « Mais elle y a perdu entre 60 et 70 membres de sa famille. Que peut-il y avoir de pire ? »
Varda Yoran, qui a traduit les mémoires de son mari, lui aussi partisans, Sholom Yoran (« The Defiant : A true Story ») pense que « les gens qui ont résisté n’ont pas envie de passer pour des héros, et encore moins qu’on leur demande ‘pourquoi les autres n’en ont pas fait autant ?’ »
D’un point de vue historique, la soif d’histoire de l’holocauste et le travail de rassemblement d’interviews des survivants est un véritable raz-de-marée, selon Paul Orbuch.
Le film de Kramer, qui a été projeté au cours de nombreux festivals, sera diffusé sur KQED le 4 avril. Le journaliste Rich Cohen a écrit sur la résistance des « The Avengers », un livre sur les partisans de Vilnius, très médiatisé lors de sa sortie l’an dernier. Le livre de Sholom Yoran sera re-publié cette année, dit-il. En 2000, Miramax a payé pour « The Brothers Bielski », un projet de livre du journaliste peter Duffy sur trois juifs qui cachèrent 1250 juifs dans une forêt en bordure de la Biélorussie.
Miramax a également approché le partisan Norman Salsitz, dit Braff, qui l’a récemment interviewé chez lui dans le New Jersey. Le Miles Lerman Center for the Study of Jewish Resistance du Holocaust Memorial museum, ouvert en 1955, a incontestablement contribué au développement du domaine de recherches.
Certains pensent que l’intérêt pour l’histoire-pour cette partie de l’histoire-a également augmenté après les attentats du 11 septembre 2001.
« Après le 11 septembre, je pense que ces histoires ont eu une plus grande portée », dit Cooper, « que faire quand on est face à tant de cruauté ? Les mots ne suffisent pas toujours. »
Jusqu’à présent, Braf a réalisé 13 interviews et rassemblé environ 10% du budget prévu ($1 million). Il continue quotidiennement depuis un bureau à San Francisco, travaillant de temps en temps avec d’anciens clients connus lorsqu’il avait créé sa compagnie, Danser production, pour financer son projet.
Il lui arrive encore de faire des cauchemars après une interview.
« Si j’avais vécu en 1942, comment ce serait-ce passé pour moi ? Que serait-il arrivé à ma famille ? Aurais-je eu le courage que ces gens ont eu ? Aurais-je réussi à survivre comme ils l’ont fait ? »