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Albanie, Besa: The Promise, Juste parmi les Nations, Lime Basha, Musulman
Remerciement à Elizabeth Anne Muller pour la traduction du texte en anglais via le site abc.net (Photo: Norman Gershman)
Pendant l’holocauste, de nombreuses personnes, individuellement et par petits groupes, risquaient la vie pour sauver des Juifs. Depuis quelques années seulement, le monde commence à apprendre l’histoire de cette nation musulmane qui a ouvert ses frontières et accueilli les Juifs. Reportage de Barbara Heggen.
Malgré l’occupation d’abord italienne et ensuite allemande pendant la deuxième guerre mondiale, L’Albanie – un pays majoritairement musulman – a non seulement protégé ses citoyens juifs, mais a fourni un refuge aux Juifs d’autres pays de la région.
La raison de cet héroïsme se trouve dans la notion de Besa : un mot albanais qui veut dire « tenir sa promesse ».
Selon Dashmir Balla, ancien président de l’Association Islamique Albanaise d’Australie, ce concept est un code de respect profondément enraciné dans la culture albanaise.
‘La sollicitude envers les hôtes, les voisins, est une question d’honneur nationale.’
Par conséquent, le concept de « l’étranger » n’existe pas en Albanie, où les visiteurs sont considérés comme des hôtes. Ce système d’honneur est resté constant à travers la longue histoire où ce pays a été envahi à maintes reprises.
Selon M. Balla, l’éthique du Besa va de pair avec l’enseignement du Coran.
‘Ce code éthique dicte un comportement moral si absolu que le non-respect amène honte et déshonneur sur soi et sa famille.’
Sous le régime communiste, l’Albanie est resté isolée, au point où l’actualité mondiale, y compris la chute du Mur de Berlin, était inconnue de la plupart des Albanais.
La religion étant interdite par les autorités, personne ne parlait des efforts pour sauver les Juifs.
Lorsque le régime communiste prit fin finalement en 1992, des survivants juifs pouvaient enfin revenir en Albanie afin de trouver, et remercier, les musulmans qui les avaient sauvés.
‘À cause du ballonnement sous le régime communiste, l’information était étouffée. Malheureusement, peu d’Albanais étaient au courant; mais quand je l’ai appris, j’étais très fier!’ dit M. Balla. ‘C’est une importante tranche d’histoire, que le monde doit connaître.’
C’est grâce au photographe américain Norman Gershman que se sont fait jour de nombreux récits remarquables du courage et de l’héroïsme des Albanais en temps de guerre.
Gershman a passé six ans à parcourir l’Albanie, à interroger et à photographier ceux qui avaient risqué leur vie pour en sauver d’autres.
Quand Jayne Josem, curatrice et directrice des collections du Centre Juif de l’Holocauste à Melbourne, a appris cette histoire, elle l’a d’abord trouvée surprenante.
‘J’étais complètement fascinée à l’idée qu’un pays entier se regroupe pour sauver des Juifs, surtout qu’ils étaient Musulmans! Il fallait que je trouve le moyen d’amener l’exposition à Melbourne.’
Le Centre, en partenariat avec l’Association Albanaise Islamique d’Australie, expose les photographies de Gershman et présente son film documentaire primé: Besa: The Promise.
Comme le fait remarquer Mme Josem, cette belle histoire rassemble encore une fois des personnes de confessions différentes.
‘Nous avons tissé des liens plus étroits avec la communauté albanaise; de nombreux Albanais vivant à proximité se sont rendus à la cérémonie d’ouverture de l’exposition: ce sont des gens remarquables! C’était parmi les événements les plus conviviaux que nous ayons jamais vécus au Centre.’
Note de la Rédaction: cet article a été modifié pour tenir comte du fait que l’Albanie n’est pas le seul pays européen dont la population juive fut plus importante en 1945 qu’en 1939.