COMMENT L’ALBUM D’ERIKA FUT RETROUVÉ

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The Righteous Among the Nations Maria Stolker (R) with her children and the child she rescued Ally Pop. On the left, Maria Sofia Martina

Remerciement à  Clément Labi pour la traduction du texte en anglais via le site Yad Vashem

Jaap Spruyt, le petit-fils de Maria Stolker, belle-soeur de Corrie, qui a été reconnue comme juste parmi les nations, a fait don à Yad Vashem de deux albums contenant des dédicaces à Erika adressées par des amis et membres de sa famille entre 1938 et 1942.

En 2007, Maria Sofia Martina Spruyt et sa famille ont visité Yad Vashem. Martina était la fille de Sander et Maria Stolker, Juste parmi les nations Alors qu’ils se trouvaient à l’intérieur du Mémorial des enfants, le monument qui commémore les 1,5 millions d’enfants assassinés pendant l’Holocauste, ils entendirent réciter le nom d’Erika Hoffmann. Incroyablement émue, Martina révéla à sa famille qu’elle avait connue Erika, la fille juive qui avait été cachée chez sa tante Corrie Stolker, se souvint des albums d’Erika, lesquels avaient été confiées à Corrie, puis envoyés aux parents de Martina, et la contacta. A leur retour aux Pays-Bas, ils cherchèrent à retrouver les albums mais sans succès. A la mort de Martina, son fils Jaap retrouva les albums parmi les biens de la défunte et en fit don à Yad Vashem « dans l’espoir que les membres de la famille d’Erika puissent être retrouvés à Yad Vashem » comme il le dit lui-même.

 

La première dédicace de l’album à Erika est l’oeuvre d’Isabelle Wels Colloredo et a été écrite le 2 juillet 1928 à Purgstall, Autriche, la dernière, celle d’une amie d’Erika, Ingrid Lesser et a été écrite le 1er juillet 1942 à Zeist, Pays-Bas.

 

Erika Hoffmann

Erika Hoffmann est née à Vienne en 1931.  Ses parents, Kurt et Margit, sont nés à Purgstall, Autriche.

 

Début 1939, les Hoffmann quittèrent l’Autiche avec les parents de Margit, le docteur Baruch Kohn et sa femme Mathilde Kohn avec la sœur célibataire de cette dernière, Elizabeth, après avoir obtenu des visas pour l’Argentine.  En route, ils s’arrêtèrent à Paris, où Kurt tomba malade et dut être hospitalisé.  Le reste de la famille continua jusqu’aux Pays-Bas, om ils attendirent que Kurt aille suffisamment mieux pour les rejoindre. Ils vécurent à Rotterdam, mais en octobre 1941, plusieurs mois après le début de l’occupation allemande aux Pays-Bas, ils déménagèrent au village de Doorn, comme des dizaines d’autres réfugiés juifs, et s’y installèrent dans une maison de retraite.  La gérante prit pitié des réfugiés persécutés et tenta de leur rendre la vie plus facile.  Le docteur Kohn devint ami avec un des résidents de la maison de retraite, Gerard Wisse, un pasteur protestant.  Dans ses mémoires rédigés après-guerre, Wisse raconte que Kohn était resté pratiquant à Doorn, et qu’il leur arrivait de prier et de réciter des psaumes ensembles.  Erika, se souvient Wisse, était très attaché à la femme du pasteur, et avait pour habitude de venir la voir au petit matin en robe de nuit pour l’écouter raconteur des histoires.  Wisse et sa femme partirent, mais quand ils revinrent à Doorn début 1943, Erika et sa famille n’étaient plus là.

 

Il semblerait que dans la deuxième moitié de 1942, Erika se cachait dans la maison de Cornelia Stolker à Doorn, et finit par retrouver sa famille.

 

En avril 1943, Erika, ainsi que sa mère, ses grands-parents et sa tante furent arrêtés et envoyés au camp de Westerbork.  Le 7 mai 1943 ils furent déportés de Westerbork au camp d’extermination de  Sobibor et assassinés à leur arrivée.  Le père d’Erika, Kurt Hoffmann, n’a pas été déporté avec le reste de sa famille.  Nul ne sait ce qui est advenu de lui.

 

La survivante: Simone Richlin

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<em>Simone Richlin. Photo by David Miller</em>

Remerciement à  Florian Hohenberg pour la traduction du texte en anglais via le site Jewish Journal

par Jane Ulman

Juste une minute” dit Rebecca, la réceptionniste du Laboratoire Rambouillet à Paris, à Simone Richlin (née Tolstonog), fillette de 5 ans et demi, et ses deux cousins, Serge, 12 ans, et Riton, 9 ans. Les enfants étaient venus rendre visite à leurs mères, qui travaillaient à l’usine de suppositoires; la mère de Simone, Sylvia, en tant que comptable, et la mère de ses cousins, Eveline, comme technicienne. D’habitude Rebecca faisait signe aux enfants d’entrer. Cette fois-ci cependant elle disparut à l’intérieur, et revint pour leur dire qu’elle allait les raccompagner à l’appartement de leurs grands-parents. « Chut, taisez-vous », les avertit-elle. Une fois dehors, Rebecca leur expliqua que la police française était dans le bureau de Sylvia et procédait à son arrestation ainsi qu’à celle d’Eveline. Simone paniqua. « Je savais que quelque chose de terrible était arrivé », se souvient-elle. C’était le 5 novembre 1942.

Simone est née le 18 avril 1937 à Paris de Sylvia et Émile Tolstonog. Émile était pilote de course automobile, il construisait et réparait aussi des voitures. Sylvia, comptable, fut l’une des premières françaises à obtenir un permis de conduire, ainsi que sa propre voiture.

Cette famille juive laïque vivait dans une seule pièce, mais Émile n’y était pas souvent, rentré du service militaire quand Simone avait un an, puis rappelé un an et demi plus tard sous les drapeaux. Sylvia travaillait à temps plein; Madame Beaudry, une femme plus âgée, s’occupait de Simone.

Le 14 juin 1940, les Allemands prirent Paris. En novembre, la famille apprit qu’Émile avait été fait prisonnier en Allemagne depuis juillet.

Lorsque Simone, 4 ans, commença l’école publique en octobre 1941, tous les élèves  se virent distribués des masques à gaz, qu’ils étaient forcés de porter pendant les entraînements aux bombardements aériens. « C’était très effrayant », dit-elle, les long tubes du masque et le plastique collé à son visage.

Néanmoins à cette époque Simone continuait de faire du patin à glace, d’aller au cinéma et de rendre visite à ses grands-parents maternels, Saul et Gisèle Haimoff, qui vivaient à quelques pâtés de maisons. En fait, personne ne soupçonnait que Saul, qui était turc et portait un fez, était juif. « Nous menions une vie normale au milieu du chaos », dit Simone.

Et même après qu’on eut ordonné aux juifs de coudre une étoile jaune à leurs habits, le 29 mai 1942, Simone n’eut à la porter qu’un seul jour, Sylvia annonçant le lendemain « Nous ne porterons plus jamais ça. »

Peu après Sylvia tassa Eveline, ses grands-parents et ses trois cousins dans son auto Corre la Licorne et s’enfuit pour l’Espagne. Mais lorsque les gardes frontière espagnols virent les enfants qui, ayant contracté la varicelle trois jours plus tôt, étaient couverts de boutons, ils leur refusèrent le passage. Et la famille dut donc retourner à Paris. « Cette petite chose changea nos vies pour toujours », dit Simone.

Après l’arrestation de sa mère et de sa tante, au mois de novembre, Simone ne fréquenta plus l’école ni ne revint à l’appartement de Sylvia. Son grand-père avait appris qu’un employé du laboratoire avait dénoncé les femmes et craignait que les autorités ne viennent chercher les enfants.

Saul emmena Simone à la maison de Madame Beaudry à Villeparisis, en banlieue de Paris. Mais deux semaines plus tard, le fils de la nounou remarqua que la joue de Simone était rouge et gonflée, une réaction allergique à un aliment, et s’écria « qu’arrive-t-il à la petite juive? » Le weekend suivant Saul la ramena à Paris.

Saul emmena Simone à l’appartement parisien de son frère, où la femme du frère, craignant les poux, lui fit raser la tête et insista pour qu’elle mange à la cuisine avec la bonne. Elle retourna bientôt chez ses grands-parents.

Saul décida alors de cacher les enfants dans la cave, qui avait la taille d’un grand placard et contenait du charbon et du bois de chauffage. Chacun des 18 appartements de l’immeuble avait sa propre cave.

A partir de là — c’était en décembre 1942 — chaque matin à 5h30, Saul emmenait Simone et ses deux cousins au sous-sol, après leur avoir appris à marcher silencieusement sur chaque marche en bois depuis leur appartement du deuxième étage jusqu’à la cave, sans qu’aucune ne craque. Les enfants restaient là, sans nourriture ni eau et avec un sceau pour toilettes, jusqu’à une heure du matin, au retour de Saul, qui les raccompagnait alors en haut.

Gisèle les lavait et nourrissait alors, partageaient avec eux les nouvelles du jour, et les faisait se reposer sur leurs lits, tout habillés, jusqu’à 5 heures de matin, où il prenaient leur repas, avant de retourner à la cave.

Là, ne se distinguant les uns les autres que comme des formes grises dans l’obscurité, les enfants inventèrent des jeux silencieux. Ils inventèrent aussi des chiffres et des chansons qu’ils chantaient ensemble dans leurs têtes. Serge apprit à jouer de l’harmonica en silence; Riton dessinait dans l’obscurité; et Simone habillait et déshabillait sa poupée. « Nous avons surtout médité pendant deux ans », dit elle.

Ils étaient aussi effrayés, leurs oreilles reconnaissant vite les pas des autres locataires dans l’escalier. Et ils étaient infestés de poux et de vers transmis par la seule viande que Gisèle pouvait se procurer. Et ils avaient parfois froid à en pleurer.

Mais les grands-parents de Simone, qui allaient sur leurs 80 ans, restaient optimistes. Chaque matin, Gisèle lisait dans le marc de chicorée au fond de sa tasse vide. “ça va aller mieux,” disait-elle invariablement aux enfants, qui la croyaient.

Simone ne sait pas comment elle et ses cousins survécurent à ces années. Elle ne réalisa pas non plus avant longtemps combien ses grands-parents se sacrifièrent pour eux. « Je ne sais pas comment ces deux personnes eurent la force de vivre comme ça deux ans », dit elle.

Enfin, le 25 août 1944, Paris fut libéré. Simone et ses cousins se postèrent dans l’entrée de leur immeuble, regardant et saluant les soldats américains sur leurs chars, arrêtés dans la rue. « C’était un jour très excitant », se souvient Simone.

Saul encouragea les enfants à retrouver leurs habitudes d’avant-guerre, mais Simone et ses cousins continuaient à se sentir oppressés. « Nous étions trois enfants qui ne savions pas ce qu’était la vie normale », dit Simone.

Au printemps suivant, Simone alla vivre avec son père, qui était rentré. Mais, dit-elle, « Il me faisait peur. Sa guerre l’avait terriblement affecté. » Tous les deux jours à peu près, en rentrant de l’école elle le trouvait assis dans la baignoire avec le gaz allumé, essayant de se suicider. Un jour elle alla chercher son grand-père, qui la ramena à son appartement.

A la fin de l’été 1945, une sorte d’étrangère, bouffie, échevelée, sonna à la porte. « Tu ne me reconnais pas? Je suis Sylvia », dit sa mère. Elle avait survécu à plusieurs camps de concentration français ainsi qu’à Bergen-Belsen. Ils apprirent qu’Eveline avait été gazée à Sobibor.

Sylvia déménagea dans l’appartement de ses grands-parents, et au bout de trois mois trouva du travail comme comptable. Émile, toutefois, ne se remit jamais de la guerre, et ils divorcèrent en 1949.

A l’automne 1949, dans le bus pour le Lycée Jules Ferry, Simone, maintenant âgée de 12 ans, rencontra deux camarades de classe qui vivaient non loin et étaient aussi juifs. Les filles devinrent très amies, et créèrent leur propre groupe de soutien. « Je suis en vie grâce à elles », dit Simone. Jusqu’à aujourd’hui, ces trois-là sont restées proches.

A 13 ans et demi, Simone voulut aller à l’école aux États-Unis. Elle contacta une tante, une sœur de Sylvia, et organisa son voyage jusqu’à Los Angeles, où elle arriva en avril 1951.

Simone emménagea avec sa tante et son oncle, apprenant l’anglais sur le tas tout en servant de bonne à sa tante. A l’automne, elle intégra le lycée de North Hollywood.

En 1952, la mère de Simone émigra aussi à Los Angeles, avec son nouveau mari.

Diplômée du lycée en juin 1954, Simone s’inscrivit à l’Université d’État de Los Angeles (maintenant appelée Cal State Los Angeles), où elle étudia les langues. Mais elle la quitta au bout de deux ans pour saisir diverses opportunités professionnelles.

En mai 1958, Simone rencontra Jay Richlin, un ophtalmologue. Ils se marièrent le 24 août 1958 et eurent trois enfants: Stewart, né en novembre 1960; Spencer, né en avril 1964; et Sidney, né en juillet 1965. Jay mourut soudainement en avril 2012.

Au cours des années, Simone a tenu une boutique d’artisanat, The Yarn Merchant; une boutique d’ameublement, Trio Imports; une entreprise de production vidéo, Richlin Productions; et une entreprise de textile, L&P Designs. Elle travaille actuellement à la liquidation du cabinet de Jay.

Aujourd’hui âgée de 78 ans et grand-mère de quatre enfants, Simone a accepté de parler au Journal juif et de partager son histoire publiquement pour seulement la troisième fois, afin d’attirer l’attention sur les difficultés des enfants survivants.

« Les enfants doivent être pris en compte », dit elle.  « Vous n’échappez pas à la Shoah. Il suffit de peu – un mot, un bruit, un mouvement, une odeur – pour vous y ramener. »

 

 

Hommage à la famille Samson

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Hanna Samson

Hanna Samson (3 ans) Originaire de Emmen, Pays Bas. Assassinée à Auschwitz le 11 Décembre 1942.  Elle est décédé avec sa maman Daisy Henriette Samson (1902-1942) et son frère Philip Marcus Samson (4 ans)

Son père Marcus Samson est décédé le 28 Février 1943 à Auschwitz.

Le Rabbin Moshe Yitzhak Hagerma d’Olkusz (Pologne) 31 Juillet 1940

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Remerciement à  Marion Meranger Galtier  pour la traduction du texte en anglais via le site Yad Vashem

Une brigade de police allemande maltraite et humilie le rabin Moshe Yitzchak Hagerman à Olkusz (Pologne) le jour du « Mercredi Sanglant ». Le livre des Mémoires d’Olkusz raconte de quelle façon une brigade de police allemande est arrivée à Olkusz le 31 Juillet 1940 et a réuni tous les hommes juifs sur la place principale. Là, les Juifs ont été forcés à s’allonger sur le sol pendant que les policiers allemands et des membres de la SD (Service des Renseignements de la SS) procédaient à leur « immatriculation ». Ce faisant, les Allemands les battirent brutalement et en tuèrent un en lui tirant dessus. Afin de les humilier davantage, ils forcèrent le rabin Moshe Yitzchak Hagerman à revêtier son tallith (châle de prière) et ses tefillin (phylactères) qui avaient été souillés, et à se tenir debout pieds nus pour prier, à côté des hommes de la communauté juive à plat ventre. A la fin de la journée on laissa les Juifs rentrer chez eux, et les Allemands repartirent. On a nommé ces événements le « Mercredi Sanglant » à cause de la violence des coups reçus par les Juifs. Les Juifs d’Olkusz furent déportés à Auschwitz en 1942, et la plupart y moururent. D’après une page de témoignage écrite en souvenir du rabin Moshe Yitzchak Hagerman par sa soeur, il fut assassiné en 1942 à Majdanek.

Sous l’aile de l’Eglise

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Dimitrios Chrysostomos, métropolite orthodoxe grec.

Metropolitan Dimitrios Chrysostomos

Remerciement à  Marion Meranger Galtier  pour la traduction du texte en anglais via le site Yad Vashem

Le 22 mars 1943, quand débuta l’expulsion des Juifs de Thessalonique vers Auschwitz, l’archevêque d’Athènes et de toute la Grèce Théophile Damaskinos publia une condamnation sans équivoque de la déportation des Juifs de Grèce. « J’ai pris ma croix, j’ai parlé à Dieu, et j’ai pris la décision de sauver le plus de juifs possible » a expliqué Demaskinos.

Le 9 septembre 1943, des troupes allemandes débarquèrent sur l’île de Zakinthos. Le commandant allemand ordonna au maire grec de l’île, Carrer,  de lui fournir la liste des Juifs locaux afin de les déporter sur le continent puis vers la camps en Pologne. Le maire alla trouver le chef religieux local, le Métropolite Dimitrios Chrysostomos pour lui demander conseil. En accord avec la position du chef de son Eglise, Chrysostomos se porta volontaire pour négocier avec les Allemands et demanda à Carrer de brûler la liste des 275 Juifs. Il approcha alors le commandant allemand et le supplia de ne pas déporter les Juifs. Arguant du fait que les Juifs étaient des citoyens grecs, il expliqua qu’ils n’avaient rien fait de mal à leurs voisins et ne méritaient pas de subir la déportation. Quand l’Allemand refusa de l’écouter et insista pour qu’il lui donne la liste de tous les Juifs locaux, Chrysostomos prit un morceau de papier, écrivit son propre nom dessus et le lui tendit en disant « Voici la liste des Juifs que vous réclamez ».

Le Métropolite et le maire allèrent ensuite prévenir les Juifs du danger imminent, les enjoignant d’aller se cacher dans les montagnes. La plupart des Juifs de l’île survécurent à l’Holocauste. En 1948, la communauté juive, en signe de reconnaissance pour le sauvetage dont elle avait ainsi bénéficié pendant l’Holocauste, fit don de vitraux pour les fenêtres de l’église de l’île, Saint Dyonyssios.

Le 1er janvier 1978, Yad Vashem attribua à Dimitrios Chrysostomos le titre de Juste parmi les Nations.

Esther Raab, survivante de la Shoah, est décédée à 92 ans

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Esther Raab

Remerciement à Florian Hohenberg pour la traduction du texte en anglais via le site Pressofatlanticity.com

Esther Raab, qui s’est échappée d’un camp d’extermination nazi en Pologne et a largement témoigné de la Shoah auprès des écoliers et du monde entier, est décédée lundi à l’âge de 92 ans.

Raab et son mari Irving se sont installés en 1950 à Vineland et y ont bâti un commerce de volaille casher florissant.

Mais le souvenir des atrocités dont elle fut témoin au camp d’extermination de Sobibor ne la quitta jamais.

“Je ne suis jamais partie. Avant de m’endormir, je le revis. Je ne peux l’oublier », disait Raab au journal The Press en 1998.

Raab disait qu’elle s’était faite une mission de perpétuer la mémoire de la Shoah, et elle répondait à toutes les lettres reçues des écoliers.

Elle devint le sujet d’une pièce de théâtre intitulée « Chère Esther », basée sur des lettres d’élèves qui l’avaient entendue.

« Si je peux toucher les enfants, nous pouvons empêcher que cela se reproduise », déclarait-elle à The Press.

Paul Winkler, directeur de la commission pour l’enseignement de la Shoah du New Jersey  disait qu’en racontant son histoire, Raab inspirait les élèves du New Jersey et du monde, par son courage et son engagement.

« En racontant son histoire elle rappelait aux élèves les dangers des préjugés et du fanatisme », dit-il.

Raab naquit dans une famille juive de la classe moyenne le 11 juin 1922 à Chelm, en Pologne.

Elle fut emprisonnée à Sobibor au mois de décembre 1942, et ses récits sur cette période étaient terrifiants.

Une fois elle vit le sergent allemand Karl Frenzel saisir un bébé par les pieds et l’écraser contre un wagon de marchandises.

Le 14 octobre 1943, Raab fut l’une des 300 juifs qui s’échappèrent dans ce qu’on considère comme la plus réussie des révoltes qui eurent lieu dans les camps nazis.

“Je m’étais promise de ne jamais aller aux chambres à gaz, que je me mettrais à courir, à — ils leur faudrait gâcher une balle pour m’avoir. … Nous avons commencé à nous organiser et à en parler (de l’évasion). Cela nous maintenait en vie, » dit-elle dans un récit enregistré au muséum du mémorial sur l’holocauste.

Sou cousin Léon Feldhendler était un des chefs de l’évasion et exhortait le groupe : « Si quelqu’un s’en sort, qu’il fasse savoir au monde ce qui s’est passé ici. »

Raab, alors âgée de 21 ans, a grimpé sur une échelle pendant l’évasion.

RAAB DONATION

Avec l’autorisation bienveillante de l’université communale de Cumberland

Ce cliché d’Esther Raab a été pris en 2012 lorsque sa famille a fait don de 25 000$ pour contribuer à l’installation de la collection Esther et Irving Raab sur la Shoah, à la bibliothèque de l’université communale de Cumberland.

Les gardes ouvrirent le feu et elle survécut à une blessure par balle à la tête. Plus de 100 autres furent capturés et exécutés, selon le musée.

Elle se cacha dans la ferme d’une famille amie pendant des mois.

Raab épousé son mari en Allemagne en 1946 et ils déménagèrent pour s’installer à Vineland.

Raab passa plusieurs années dans des aller-retours en Europe pour témoigner contre les nazis jugés en Allemagne, rapporte son fils Abe Raab en 2014.

Raab fut témoin dans de nombreux procès de crimes de guerre, dont celui qui permit de condamner l’opérateur de chambres à gaz Erich Bauer pour meurtres de masse.

Son témoignage contribua aussi à l’acquittement d’un officier qui avait agi avec bonté envers les prisonniers.

Gail Rosenthal, directeur du centre de ressources sur l’holocauste Sam Schoffer à l’Université de Stockton, désigna Raab comme l’exemple parfait de quelqu’un qui a résisté pendant la Shoah, et comprenait l’importance de partager son histoire, même dans la douleur.

“Sa vie fut un exemple de résilience,” nous dit Rosenthal. « Elle a commencé à parler de la Shoah avant la plupart des survivants.  Elle s’obligeait à revivre cette horreur pour la partager. Elle laisse un héritage inestimable.”

La fondation familiale Raab a donné 25 000$ pour contribuer à l’installation de la collection Esther et Irving Raab sur la Shoah, à la bibliothèque de l’université communale de Cumberland.

Sue Perry, directrice de la fondation de l’université communale de Cumberland, nous dit que cette collection comprend des livres, des photos, des artefacts et des reliques.

“L’objectif est d’éveiller les consciences et de s’assurer que la Shoah n’est pas oubliée — tant de survivants nous quittent — et que les futures générations sachent que cette atrocité s’est produite afin que jamais elle ne se reproduise,” nous dit Perry.

“C’était une femme très forte,” ajoute-t-elle. “Elle n’était pas bien haute mais avait une très forte personnalité.”

Raab a été enterrée dimanche.

Notre contributrice Diane D’Amico a contribué à cet article.

Posté le : Mardi 14 avril 2015

Par BRIAN IANIERI, éditorialisteA

Aline Korenbajzer

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Aline Korenbajzer est l’une des 4 400 enfants juifs internés dans les camps du Loiret, déportés et assassinés à Auschwitz. Son père, Abraham a été arrêté le 14 mai 1941.

Aline et sa mère, raflées le 16 juillet 1942, sont assassinées le 31 août 1942, le jour anniversaire des 3 ans d’Aline. Son père qui a survécu pleurait tous les 31 août.

LE LIBÉRATEUR ET LE SURVIVANT RETOURNE À DACHAU

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(légende de la photo) : Don Greenbaum (à gauche), libérateur de Dachau avec l’armée américaine, et Ernie Gross, survivant, ont fait un explosé sur leurs expériences au collège de Council Rock High School North.

Remerciement à Elizabeth Anne Muller pour la traduction du texte en anglais via le site Jewishexponent

On aurait entendu voler une mouche dans l’auditoire du collège Council Rock High School North à Newtown, dans la Pennsylvanie. En présence de plusieurs centaines d’adolescents, cela tient de l’exploit! Mais l’histoire que les étudiants sont venus écouter cette semaine est passionnante. C’est celle de la rencontre de Ernie Gross et Don Greenbaum en 1945, à la fin de la Deuxième Guerre Mondiale. Gross était un survivant du camp de concentration de Dachau, et Greenbaum un libérateur américain.

Après la libération de Dachau, 66 ans devaient passer avant que chacun découvre officiellement l’identité de l’autre. À l’origine de leurs retrouvailles : un article publié en 2011 dans le Jewish Exponent.

Gross, Roumain d’origine, est venu vivre à Philadelphie après la guerre; Greenbaum y est né, et y a vécu toute sa vie. Depuis leurs retrouvailles, les deux hommes se sont liés d’une amitié profonde; ils ont entrepris de partager leur histoire en donnant des conférences dans les écoles et ailleurs, pour faire prendre conscience des horreurs de l’Holocauste.

« Si je vous parle ici aujourd’hui » dit Gross aux étudiants « c’est que Don Greenbaum est arrivé à temps. Une heure plus tard, et je ne serais pas là. Je tiens à le remercier encore une fois. » et, se tournant vers Greenbaum : « je le remercie à chaque fois que je le vois. »
Un nouveau chapitre de leur histoire s’écrira le mois prochain, lorsqu’ils participeront le 3 mai en Allemagne avec d’autres survivants et libérateurs à une cérémonie qui marquera le 70e anniversaire de la libération de Dachau.

La Chancelière, Angela Merkel, doit prononcer un discours. Ce sera la première fois qu’un Chancelier en fonction prendra la parole lors d’une commémoration pour Dachau.

Le voyage et le séjour de cinq jours en Allemagne sont offerts par le gouvernement allemand. Cette visite n’est pas perçue de la même façon par les deux amis.

Pour Gross, ce sera sa deuxième visite à cet endroit où il a tant souffert. Devant les étudiants, il évoque le dur travail manuel auquel il était astreint, même parfois dans la neige, pieds nus lorsque ses chaussures ont été volées.

Lors de sa première visite en 1986, sa deuxième épouse lui a demandé de lui montrer l’endroit précis où il se tenait au moment de sa libération. Il lui a expliqué qu’il était à côté du crématorium attendant la mort lorsque Greenbaum est arrivé avec l’armée américaine.

Cette fois-ci, dit-il, ce sera très différent.

« J’ai très envie d’y retourner, car en 1944 ils m’ont sorti de chez moi de force, ils m’ont envoyé de force en Allemagne, ils m’ont mis de force au camp.

« Cette fois-ci, ils m’invitent et ils paient tout! Ça change d’une génération à l’autre! »

Pour Greenbaum, ce sera la première fois qu’il retourne à Dachau.

Il raconte aux étudiants son arrivée au camp : « Nous avancions vers Dachau; on nous avait dit que c’était un dépôt de ravitaillement pour l’armée allemande. Quand nous nous trouvions à environ un kilomètre et demi, le ciel est devenu noir et l’odeur était atroce – je l’ai encore dans les narines. »

En arrivant sur les lieux, il a vu une quinzaine de wagons couverts chargés de cadavres que les Nazis amenaient à la hâte au crématorium afin de faire disparaître les preuves de leurs atrocités, ainsi qu’une foule de survivants émaciés – des hommes qui pesaient 35 à 40 kilos – habillés de leur tenue de toile à rayures.

La perspective de cette visite n’enchante guère Greenbaum :
« Je n’ai jamais voulu y retourner » dit-il « Je n’ai jamais voulu me retrouver de nouveau devant ces barbelés; mais je pense que je dois le faire. Cela me permettra de tourner la page. En tout cas, ce sera sans doute intéressant! »

Outre leurs voyages et conférences, les deux amis paraissent ensemble dans un documentaire sur Les Liberateurs — Pourquoi nous avons combattu, tourné pour une chaîne de télévision allemande par Emanuel Rotstein, un Juif allemand de 35 ans qui a déjà tourné, entre autres, un documentaire sur Le onzième jour – les survivants de Munich 1972, concernant les athlètes israéliens qui on survécu à l’attaque perpétrée pendant les Jeux Olympiques de 1972 à Munich.

Le documentaire sur les libérateurs doit être diffusé pour le 70e anniversaire de la libération de Dachau, le premier camp de concentration des Nazis et celui qui a duré le plus longtemps.

Rotstein a rencontré Gross et Greenbaum il y a deux mois au monument Liberation Holocaust au Liberty State Park, à Jersey City dans l’état de New Jersey, une statue qui représente un libérateur américain portant dans ses bras un survivant de l’holocauste.

« L’entretien était formidable! » raconte Rotstein dans un courriel. « Leurs récits sont très émouvants, poignants et exaltants à la fois. Leur amour de la vie, leur humour et leur énergie sont une grande source d’inspiration pour moi. »

La première de ce téléfilm de 52 minutes est programmée pour le 31 mai sur la chaîne HISTORY Allemagne.

Que pensent Greenbaum (90 ans) et Gross (86 ans) de leur horaire chargé et de leur prochain voyage? « En avant! » disent-ils.

« Le voyage sera fatigant, épuisant; mais nous sommes tous tellement vieux que sans doute nous aurons tous le même rythme » sourit Greenbaum. « Je me réjouis de voyager avec Ernie Gross. Nous sommes copains, nous passons de bons moments ensemble. »

Gross répond, espiègle : « Je pense que je me réjouis plus que lui — sans lui, je n’existerais pas. »

 

Selma Moses, orpheline de la Shoah qui arrive aux Etats-Unis (1946).

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1946 - 11-year old survivor Selma Moses arrives in NYC, saying, "I can earn my way." She barely remembers her home; her parents were murdered. She escaped the gas chambers twice. (Once, the truck was already full so she was not loaded on.) Her growth is severely stunted, her few possessions were given her after liberation. She says she is a good worker caring for children. Life Magazine article at the link.:

Remerciement à  Marion Meranger Galtier  pour la traduction du texte en anglais via le site Findery.com

Cette photo du 10 juin 1946 dans le magazine Life montre Selma Moses au Centre de Rassemblement des Migrants. Ses parents ont été tués dans les chambres à gaz et on la voit ici à Bremen, attendant de s’embarquer pour les Etats Unis pour rejoindre les parents adoptifs qui ont accepté de l’adopter. Elle a 11 ans sur cette photo.